La rééducation cardiaque est un programme structuré, pluridisciplinaire et centré sur l’activité physique supervisée, l’éducation thérapeutique et l’optimisation des traitements, destiné aux personnes après un événement ou une maladie cardiovasculaire. Elle se déroule en plusieurs phases (hôpital, centre/ambulatoire, maintien) et améliore le pronostic et la qualité de vie.
Définition courte
Rééducation cardiaque : programme coordonné (kinésithérapie, éducation, optimisation médicamenteuse, soutien psycho) visant à réduire le risque de nouveaux événements, améliorer la capacité d’effort et favoriser le retour aux activités, en centre, à domicile ou en hybride.
À qui s’adresse la rééducation cardiaque ?
Les recommandations européennes et françaises la préconisent en classe I (fortement recommandée) pour la plupart des patients après syndrome coronarien aigu, revascularisation, et chez les personnes avec insuffisance cardiaque stable, avec adaptation individuelle du risque.
Après infarctus / angioplastie / pontage
La rééducation débute précocement après stabilisation et contribue à la réduction des événements et des réhospitalisations.
Insuffisance cardiaque stable
Chez l’adulte avec insuffisance cardiaque, l’entraînement supervisé améliore la capacité d’effort et la qualité de vie, et réduit les hospitalisations ; différents modes (centre, domicile, hybride) sont efficaces quand ils sont bien encadrés.
Autres indications
Valvulopathies opérées, certains troubles du rythme (ex. fibrillation atriale), cardiopathies congénitales adultes : une prise en charge est souvent pertinente, selon évaluation spécialisée.
Contre-indications relatives/temporaires (exemples) : ischémie non contrôlée, décompensation, arythmie non stabilisée ; elles sont levées après correction et re-évaluation médicale. (Synthèse des guidelines.)
Les 3 phases du parcours
- Phase I (hôpital) : mobilisation précoce, éducation initiale, planification de la suite.
- Phase II (centre/ambulatoire) : réentraînement supervisé (aérobie + renforcement), éducation thérapeutique, gestion des facteurs de risque, soutien psycho-social.
- Phase III (maintien) : activité physique régulière et suivie, parfois en programme structuré, pour consolider les acquis.
Le rôle du kinésithérapeute
Évaluation initiale
Bilan fonctionnel (tests d’effort/sous-max, force/endurance, symptômes), stratification du risque, objectifs partagés.
Réentraînement à l’effort & renforcement
Séances progressives (3 ×/semaines typiquement, 6–12 semaines), combinant endurance (tapis, vélo) et renforcement (membres supérieurs/inférieurs), avec auto-surveillance des symptômes et de la fréquence cardiaque.
Éducation et sécurité
Auto-gestion des facteurs de risque (tabac, tension, LDL-c, poids, stress), adhésion aux traitements, reconnaissance des signes d’alerte, plan de reprise d’activité.
Modalités : centre, domicile, hybride/téléréadaptation
- Centre (présentiel) : encadrement étroit et plateau technique.
- Domicile : aussi efficace que le centre pour de nombreux indicateurs (capacité d’effort, qualité de vie) quand les programmes sont structurés et monitorés.
- Hybride / téléréadaptation : prometteur pour l’accès et l’adhésion, avec résultats cliniques comparables et bonne faisabilité.
Bénéfices prouvés
- Coronaropathies : baisse de la mortalité cardiovasculaire et des réhospitalisations, amélioration de la qualité de vie et coût-efficacité confirmée en contexte de soins modernes.
- Insuffisance cardiaque : amélioration de la capacité d’effort et de la qualité de vie, réduction des hospitalisations (toutes modalités confondues).
- Prévention secondaire globale : recommandations ESC 2021 : intégration systématique dans le suivi post-événement pour optimiser contrôle tensionnel, LDL-c, tabac, poids, activité, stress.
Durée, rythme et reprise des activités
Un cycle standard dure souvent 6 à 12 semaines avec 2–3 séances/semaine, suivi d’un plan de maintien. La reprise du travail, de la conduite, des activités sexuelles et du sport se discute au cas par cas, selon le risque et l’évolution au test d’effort. (Synthèse des guides ESC/HAS.)
À savoir : en France, la HAS a publié en 2024 des critères d’orientation vers la réadaptation cardiovasculaire (volets : réentraînement, correction des facteurs de risque, optimisation thérapeutique, dépistage des comorbidités, ETP, soutien psycho, réinsertion). Objectif : améliorer l’accès et l’équité.
Inégalités d’accès : un enjeu de santé publique
Les données françaises récentes signalent des disparités persistantes d’admission après SCA selon le sexe, l’âge et le contexte social : les femmes et les plus âgés y accèdent moins. Cela justifie des parcours flexibles (domicile/hybride) et un repérage actif.
Important — Informations à visée éducative, ne remplacent pas un avis médical. En cas de question personnelle, consultez un·e professionnel·le de santé.
FAQ
La rééducation cardiaque est-elle sûre ?
Centre vs domicile : lequel choisir ?
Combien de temps faut-il pour ressentir les bénéfices ?
Conclusion
La rééducation cardiaque, portée par la kinésithérapie et une équipe pluridisciplinaire, réduit les événements, améliore la capacité d’effort et la qualité de vie. En combinant présentiel et options à domicile/hybrides, on peut élargir l’accès et lutter contre les inégalités, conformément aux recommandations récentes.
Sources
- HAS. Critères d’orientation en réadaptation cardiaque et vasculaire, 2024. Haute Autorité de Santé
- Visseren FLJ et al. 2021 ESC Guidelines on CVD prevention. Eur Heart J. 2021;42:3227–3337. PubMed
- Dibben GO et al. Exercise-based CR for coronary heart disease. Eur Heart J. 2023;44:452–469. OUP Academic
- Molloy CD et al. Exercise-based CR for adults with heart failure (Cochrane update), 2023. WRAP
- McDonagh STJ et al. Home- vs centre-based CR (Cochrane), 2023. cochranelibrary.com
- Bilbrey T et al. Dual-modality home-based CR feasibility. JMIR mHealth 2024. mhealth.jmir.org
- Santé publique France (note de veille 2024). Disparités d’accès post-SCA. Santé Publique France
- MSD Manuals (grand public) – Repères pratiques. MSD Manuals
- Image par pasja1000.
- Voir le dossier complet Kinésithérapie & Rééducation
- Tous nos articles sur la Rééducation cardiaque
Articles recommandés dans la même thématique
La Pré-habilitation : pourquoi la kiné AVANT l’opération accélère votre récupération
Mobilisations passives en fin de vie : bienfaits, limites et indications
Covid long : comment la kinésithérapie aide à retrouver le souffle

Alejandro Rojas
Masseur-kinésithérapeuteFondateur du média Première Santé, Alejandro Rojas est masseur-kinésithérapeute diplômé depuis 2005, spécialisé en kinésithérapie respiratoire. Il a exercé en soins intensifs, en pneumologie, en cabinet libéral, et travaille aujourd’hui dans un service de soins palliatifs.
