Bronchiolite : pourquoi la tension persiste dans les services pédiatriques chaque hiver — et ce que change (vraiment) la prévention VRS

Chaque hiver, la bronchiolite met sous tension les services pédiatriques. Malgré la prévention VRS (nirsévimab chez le nouveau-né, vaccination maternelle), l’activité repart en 2025, portée par la saisonnalité, la co-circulation virale et des capacités hospitalières contraintes. 

Définition & saisonnalité : ce qui met la pression en pédiatrie

Le VRS est l’agent principal. La bronchiolite est une infection des petites bronches touchant surtout les enfants de moins de 2 ans, avec des épidémies hivernales. Une part des nourrissons nécessite un passage aux urgences, parfois une hospitalisation pour oxygénothérapie et surveillance.

Une activité déjà en hausse fin novembre 2025. Les bulletins nationaux signalent une augmentation nette chez les enfants dans les services d’urgences, typique de l’entrée en saison. Ce signal précoce s’ajoute aux consultations de ville et amorce la pression sur les lits pédiatriques.

2022–2023, la crise révélatrice : ce qu’elle a changé (ou pas)

Un électrochoc. À l’automne 2022, une vague précoce de bronchiolite a déclenché plans d’action et réorganisations locales : transferts, renforts temporaires, déprogrammations. Elle a aussi mis en lumière des fragilités structurelles (ressources humaines, lits).

Le terrain a parlé. Reportages et témoignages ont décrit des urgences pédiatriques saturées, avec des équipes sous forte contrainte. Au-delà du pic 2022, ces constats réapparaissent chaque hiver, à intensité variable selon les régions.

2023–2025 : la prévention VRS a-t-elle réduit la pression ?

Nirsévimab (Beyfortus®) : depuis septembre 2023, la France a déployé une immunisation passive universelle pour les nourrissons lors de leur première saison VRS. Objectif : réduire les formes graves et les hospitalisations.

Des résultats probants en vie réelle. Deux études nationales (Santé publique France / partenaires) ont retrouvé : 76–81 % d’efficacité contre les formes graves nécessitant réanimation, et ~5 800 hospitalisations évitées entre mi-septembre 2023 et fin janvier 2024. Impact majeur, surtout chez les 0–2 mois.

Vaccination maternelle (Abrysvo®). Depuis juin 2024, la HAS recommande la vaccination des femmes enceintes (fenêtre 32–36 SA) pour transmettre des anticorps au nouveau-né et réduire les hospitalisations dans les premiers mois de vie. Cette stratégie complète le nirsévimab et ouvre un choix aux parents.

Mais… L’effet populationnel dépend de la couverture (adhésion des familles, disponibilité des doses, logistique en maternité et ville) et du calage temporel (administrer avant le pic). Les saisons varient, et la co-circulation d’autres virus peut masquer une part du gain dans les urgences.

Pourquoi la tension persiste malgré la prévention

1) Le calendrier viral ne change pas. Chaque hiver, le pic VRS s’accompagne de la grippe (parfois précoce/sévère) et d’une circulation COVID-19 résiduelle : autant de motifs d’insuffisance respiratoire aiguë (IRA) chez l’enfant, qui s’additionnent. Même avec moins de bronchiolites graves, l’activité globale aux urgences peut rester élevée.

2) Des capacités hospitalières contraintes. Les hôpitaux font face à des lits fermés ou à des tensions RH récurrentes en pédiatrie. En période de pointe, la moindre hausse d’entrées se traduit par des délais, des transferts et des redéploiements. Ces facteurs, révélés en 2022, ne se résorbent pas en un hiver.

3) Une prévention efficace mais perfectible. Le nirsévimab protège surtout pendant la première saison VRS ; la vaccination maternelle impose une fenêtre précise. En pratique, il faut identifier les bons enfants au bon moment, assurer l’approvisionnement et coordonner maternités, PMI et ville pour atteindre une couverture élevée.

Repères pratiques (parents & soignants)

1. Reconnaître : toux, gêne respiratoire, sifflements, difficultés alimentaires chez le nourrisson ; consulter en cas de signes de gravité (respiration rapide, pauses, cyanose, difficultés d’alimentation/hydratation).
2. Prévenir : évitez l’exposition aux malades, lavez les mains, aérez, pas de tabac ; discutez nirsévimab (nouveau-nés) et vaccination maternelle avec votre professionnel de santé pour la bonne fenêtre.
3. Organisation locale : suivez les messages ARS/hôpital en période de pic (orientation, horaires, alternatives à l’aval).

FAQ

La prévention VRS a-t-elle “fait disparaître” la bronchiolite ?

Non. Elle réduit les formes graves et les hospitalisations, surtout chez les plus jeunes, mais ne supprime pas l’afflux hivernal lié au VRS et aux autres virus.

Faut-il choisir entre nirsévimab et vaccin maternel ?

Les stratégies sont complémentaires. La HAS recommande la vaccination maternelle (32–36 SA). Pour les nourrissons non protégés via la mère, le nirsévimab reste une option clé avant la saison. Le choix dépend du timing et de l’accès.

Pourquoi parle-t-on encore d’urgences saturées en 2025 ?

Parce que la co-circulation grippe/COVID + VRS maintient une forte demande, alors que l’offre (lits, équipes) reste contrainte dans de nombreux établissements.

Les pics 2025 sont-ils comparables à 2022 ?

Non, l’impact VRS paraît mieux amorti grâce à la prévention ; mais selon les régions et la grippe, la pression ressentie peut rester élevée en urgence.

Conclusion

La prévention VRS (nirsévimab + vaccination maternelle) a diminué les formes graves de bronchiolite et évité des hospitalisations. Pour autant, la saisonnalité hivernale et la co-circulation d’autres virus, combinées à des capacités hospitalières limitées, expliquent la persistance de tensions en pédiatrie. L’enjeu 2025-2026 : hausser les couvertures, caler le timing avant le pic et renforcer l’organisation à l’hôpital comme en ville.

Important — Informations à visée éducative, ne remplacent pas un avis médical. En cas de question personnelle, consultez un·e professionnel·le de santé.

Sources

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photo profil Alejandro Rojas Camarero

Alejandro Rojas

Masseur-kinésithérapeute

Fondateur du média Première Santé, Alejandro Rojas est masseur-kinésithérapeute diplômé depuis 2005, spécialisé en kinésithérapie respiratoire. Il a exercé en soins intensifs, en pneumologie, en cabinet libéral, et travaille aujourd’hui dans un service de soins palliatifs.

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