Les aliments ultra-transformés (UPF) ont envahi nos assiettes. Faut-il les éviter à tout prix ? Voici ce que disent les meilleures preuves récentes — et comment réduire sans se compliquer la vie.
Définition en bref
Aliment ultra-transformé (NOVA) : formulation industrielle prête à consommer, issue d’ingrédients fractionnés (ex. amidons, isolats, huiles hydrogénées) et d’additifs (émulsifiants, arômes, colorants), souvent éloignée de l’aliment d’origine.
C’est quoi une “UPF” et à quoi ça ressemble ?
La classification NOVA distingue : brut/minimement transformé, ingrédients culinaires, transformé, ultra-transformé. Exemples fréquents : sodas, céréales du petit-déjeuner sucrées, biscuits/boissons lactées aromatisées, charcuteries nitritées, nuggets, nouilles instantanées.
Limites : pas de définition universelle et des zones grises (certaines alternatives végétales, pains emballés, etc.).
Exemples courants
Chips et biscuits apéritifs, plats prêts à réchauffer, pizzas industrielles, pains de mie et brioches, yaourts aux fruits riches en additifs, barres chocolatées, glaces, boissons sucrées.
Ce que dit la science la plus récente
L’image d’ensemble. Une grande synthèse publiée dans le BMJ en 2024 a passé au crible 45 analyses portant sur près de 10 millions de personnes. Verdict : plus on mange d’aliments ultra-transformés (UPF), plus les problèmes de santé sont fréquents — en particulier les maladies cardiaques, le diabète de type 2, certains cancers, des troubles de la santé mentale et une mortalité plus élevée. Cette synthèse ne “prouve” pas la cause, mais elle montre des liens répétés et cohérents dans de nombreux pays et cohortes.
Des ordres de grandeur pour se repérer.
- Cœur et vaisseaux : les gros consommateurs d’UPF présentent environ +50 % de risque de décès cardiovasculaire par rapport aux faibles consommateurs.
- Diabète de type 2 : chaque marche supplémentaire d’UPF dans l’assiette s’accompagne d’environ +12 % de risque de diabète.
- Santé mentale : le risque d’anxiété et de troubles fréquents de la santé mentale est estimé +48 à +53 % chez les forts consommateurs.
Zoom France (NutriNet-Santé). Dans une grande étude française (BMJ, 2018), +10 % d’UPF dans le régime était lié à +12 % de risque de cancer global et +11 % pour le cancer du sein. Là encore, il s’agit d’association, pas de preuve directe de causalité.
Nouveautés : au-delà des calories. Des travaux relayés par le CNRS en 2025 rapportent des effets métaboliques et hormonaux observés même quand les calories sont identiques (variation du ratio LDL/HDL, marqueurs d’exposition à certains plastifiants, paramètres de fertilité masculine), suggérant que le procédé et la formulation des UPF peuvent compter, pas seulement l’excès d’énergie. Les études se poursuivent pour confirmer et préciser ces résultats.
Ce que disent les autorités (Royaume-Uni, 2025). Le comité scientifique SACN juge l’ensemble des associations préoccupant, tout en rappelant les limites : la plupart des données sont observationnelles et les UPF s’accompagnent souvent de plus de sucres, sel et graisses. Conclusion : réduire l’exposition aux UPF est prudent, mais la recherche doit encore démêler ce qui relève du procédé lui-même ou de la composition nutritionnelle.
À retenir en une phrase
Les études les plus solides pointent des liens répétés entre forte consommation d’UPF et santé moins bonne ; on ne peut pas tout expliquer par “trop de calories”, et réduire la part d’UPF dans l’assiette reste un choix raisonnable en attendant des essais mieux contrôlés.
Pourquoi cela poserait problème ? Pistes mécanistiques
Toutes les UPF se valent-elles ?
Les autorités britanniques (SACN, 2025) notent que les associations sont cohérentes, mais soulignent :
- l’hétérogénéité des familles d’UPF ;
- pas toutes “à bannir” : boissons sucrées et produits carnés ultra-transformés ressortent plus nettement, tandis que certaines alternatives végétales ou pains/céréales présentent des résultats mitigés ;
- des limites méthodologiques (confusion résiduelle, mesure de l’exposition, définition).
Faut-il changer nos habitudes ? Oui… mais intelligemment
Objectif : réduire la part d’UPF (pas nécessairement zéro), augmenter le fait-maison et les aliments peu transformés.
7 stratégies simples
- Règle 3/4 du caddie : viser ≥ 75 % d’aliments bruts/simplement transformés (fruits/légumes, légumineuses, œufs, poissons, yaourts nature, fromage, pain de boulanger).
- Lire l’étiquette en 10 s : liste d’ingrédients courte ; fuir la cascade d’additifs (émulsifiants, édulcorants, arômes “goût…”, colorants).
- Swaps malins :
- Sodas → eau pétillante + jus de citron ;
- Céréales sucrées → muesli sans sucres ajoutés + fruits secs ;
- Nuggets/cordon-bleu → poulet pané maison au four ;
- Yaourt aux fruits → yaourt nature + fruits ;
- Pâtes sauce en bocal → coulis de tomate + huile d’olive + herbes.
- Batch-cooking : cuire légumineuses et céréales pour la semaine ; congeler en portions.
- Snack d’urgence “non-UPF” : fruits à coque nature, fromage blanc, œufs durs, fruits frais.
- Repérer les signaux “UPF” : sirop de glucose/fructose, maltodextrines, isolats, huiles hydrogénées, protéines hydrolysées.
- Prioriser ce qui pèse le plus : réduire boissons sucrées et charcuteries/viandes ultra-transformées avant le reste (impact santé mieux documenté).
FAQ
Les UPF font-elles forcément grossir ?
Une alternative végétale industrielle est-elle toujours à éviter ?
Combien d’UPF consommons-nous ?
Important — Informations à visée éducative, ne remplacent pas un avis médical. En cas de question personnelle, consultez un·e professionnel·le de santé.
Conclusion
Les données récentes pointent des associations robustes entre forte consommation d’UPF et de nombreuses issues de santé, avec un niveau de preuve variable selon les pathologies. En pratique, viser moins d’UPF et plus d’aliments bruts est un pari raisonnable — commencez par boissons sucrées et charcuteries, lisez les étiquettes et privilégiez le fait-maison quand c’est possible.
Sources
- Lane MM, et al. BMJ (2024). Umbrella review des associations UPF-santé (n≈9,9 M). doi:10.1136/bmj-2023-077310. PubMed
- CNRS-INSB (2025). Alimentation ultra-transformée : des risques pour la santé même sans excès calorique (résumé d’un essai Cell Metabolism). CNRS Biologie
- SACN (UK). Processed foods and health: rapid evidence update (02/04/2025). GOV.UK
- Image par Igor Ovsyannykov.
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Alejandro Rojas
Masseur-kinésithérapeuteFondateur du média Première Santé, Alejandro Rojas est masseur-kinésithérapeute diplômé depuis 2005, spécialisé en kinésithérapie respiratoire. Il a exercé en soins intensifs, en pneumologie, en cabinet libéral, et travaille aujourd’hui dans un service de soins palliatifs.
