Antibiorésistance : définitions, chiffres 2025 et solutions « One Health »

L’antibiorésistance désigne la capacité de bactéries à survivre à des antibiotiques qui devraient les éliminer, rendant certaines infections plus longues, plus coûteuses et parfois impossibles à traiter.

Pourquoi est-ce si grave ?

À l’échelle mondiale, une infection bactérienne sur six confirmée au laboratoire est désormais résistante à un traitement antibiotique standard (données 2023 agrégées, rapport GLASS publié en 2025). Les conséquences : hospitalisations prolongées, complications, surcoûts et mortalité évitable.

Selon une vaste analyse publiée dans The Lancet (2024), 4,71 millions de décès étaient associés à la résistance bactérienne en 2021, dont 1,14 million directement attribuables ; sans actions renforcées, la mortalité pourrait augmenter fortement d’ici 2050.

À retenir (monde, 2023–2025)
• 1/6 infections bactériennes résistantes (OMS GLASS 2025) ;
• ≈ 4,71 M de décès associés en 2021 (Lancet 2024) ;
• Charges les plus élevées dans certaines régions d’Asie et d’Afrique ; Europe moins touchée mais sous pression.

Les chiffres clés : monde, Europe, France

Monde (OMS/GLASS)

Le rapport GLASS 2025 compile >23 millions d’infections confirmées issues de 104 pays : l’OMS alerte sur des niveaux élevés de résistance dans les infections urinaires et sanguines, avec un gradient géographique marqué.

Europe (ECDC / EARS-Net 2023)

En UE/EEE, les résistances varient fortement selon les espèces et antibiotiques ; les incidences d’infections sanguines résistantes restent plus élevées au sud/sud-est de l’Europe. Rapport épidémiologique EARS-Net 2023 (publié 2024).

France (Santé publique France, SPARES/PRIMO)

Baisse de la consommation d’antibiotiques en ville en 2023 (reprise de la diminution post-pic 2022), >90 % de la consommation totale provenant de la médecine de ville.

En établissements de santé, SPARES 2023 confirme la surveillance des résistances et une baisse continue des fluoroquinolones depuis 2012.

En soins de ville/Ehpad, la mission PRIMO a collecté ~963 000 antibiogrammes urinaires en 2023 (majoritairement E. coli), mais 4 indicateurs sur 5 de la stratégie nationale 2022-2025 restent sous la cible.

ENP 2024 (Ehpad) : actualisation nationale de la prévalence et de l’usage d’anti-infectieux coordonnée par SPF/RéPIA.

Comment la résistance apparaît-elle ?

La résistance naît par mutations et acquisitions de gènes via plasmides/transposons. L’usage inadapté (antibiotiques sans indication, durées inadéquates), l’automédication, la pression de sélection en élevage et la diffusion (soins, communauté, environnement) accélèrent le phénomène.

Les leviers qui fonctionnent

  • Antibiotic stewardship (prescrire juste, juste dose, juste durée), avec monitoring de la consommation et des résistances (SPARES/PRIMO en France).
  • Diagnostics rapides et antibiogrammes électroniques pour dé-escalader plus vite. (ECDC/OMS : recommandations de surveillance et d’usage rationnel).
  • Vaccination (ex. vaccin pneumococcique) : moins d’infections = moins d’antibiotiques = moins de pression de sélection (OMS).
  • Prévention des IAAS (hygiène des mains, bundles) : baisse des infections et de la consommation. (SPF/ENP).

Une approche « One Health »

L’antibiorésistance traverse santé humaine, animale et environnement. En France, Résapath (Anses) surveille la résistance chez les animaux ; l’avis de l’Anses place les Entérobactéries résistantes aux carbapénèmes au sommet des couples à surveiller chez les animaux de production.

Recherche & innovation : où en est-on ?

Les équipes françaises (Inserm, Pasteur, PPR antibiorésistance) explorent de nouvelles molécules, l’IA pour prédire les phénotypes et des pistes comme les phages ou les anticorps. Sur le plan économique, les experts appellent à des mécanismes “pull” (abonnements/rémunérations à la disponibilité) à l’échelle européenne pour relancer le pipeline.

FAQ

L’antibiorésistance, c’est la résistance du patient ou de la bactérie ?

De la bactérie. Le corps ne “devient” pas résistant ; ce sont les bactéries qui acquièrent des mécanismes leur permettant d’échapper aux antibiotiques.

Quelle ampleur aujourd’hui ?

À l’échelle mondiale, environ 1 infection sur 6 est résistante selon le rapport OMS GLASS 2025, et 4,71 millions de décès étaient associés à l’AMR en 2021 (Lancet 2024).

Et en France ?

La consommation en ville a baissé en 2023, tandis que la surveillance SPARES/PRIMO suit la résistance et l’usage en hôpital, soins de ville et Ehpad. Certaines cibles nationales 2022–2025 ne sont pas encore atteintes.

Quelles actions prioritaires ?

Prescription raisonnée (stewardship), diagnostics rapides, vaccination, prévention des IAAS, et approche One Health coordonnée (humain/animal/environnement).

Important — Informations à visée éducative, ne remplacent pas un avis médical. En cas de question personnelle, consultez un·e professionnel·le de santé.

Conclusion

L’antibiorésistance est une menace systémique mais réversible si l’on agit simultanément sur l’usage raisonné, la prévention, les diagnostics, la vaccination, et l’innovation — avec une coordination One Health. Les signaux 2024-2025 (OMS, ECDC, SPF) montrent des progrès (baisse de consommation en ville) mais aussi un retard sur des objectifs clés : l’action doit s’accélérer.

Sources

  • WHO. GLASS 2025 Global antibiotic resistance surveillance report (13 oct 2025). Organisation mondiale de la santé
  • GBD 2021 AMR Collaborators. Global burden of bacterial antimicrobial resistance 1990–2021. The Lancet (2024). PubMed
  • ECDC. Antimicrobial resistance in the EU/EEA (EARS-Net) – Annual report 2023 (publié 18 nov 2024). ECDC
  • Santé publique France. Consommation d’antibiotiques en ville : tendance à la baisse en 2023 (06 nov 2024). Santé publique France
  • SPF/CPias. SPARES – Résultats 2023 (15 nov 2024). Santé publique France
  • SPF. PRIMO – Surveillance ville & Ehpad 2023 (15 nov 2024). Santé publique France
  • Anses/RESAPATH. Rapport annuel 2023 (16 nov 2024). resapath.anses.fr
  • OMS. Antimicrobial resistance – Fact sheet (21 nov 2023). Organisation mondiale de la santé
  • Image par Gerd Altmann 

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photo profil Alejandro Rojas Camarero

Alejandro Rojas

Masseur-kinésithérapeute

Fondateur du média Première Santé, Alejandro Rojas est masseur-kinésithérapeute diplômé depuis 2005, spécialisé en kinésithérapie respiratoire. Il a exercé en soins intensifs, en pneumologie, en cabinet libéral, et travaille aujourd’hui dans un service de soins palliatifs.

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