Anxiété des adolescents : comprendre la nouvelle épidémie

L’anxiété des adolescents a fortement progressé depuis la pandémie : un phénomène mondial que confirment les données françaises. Comprendre les signes, les facteurs et les solutions fondées sur les preuves permet d’agir tôt, sans dramatiser. 

Anxiété chez les ados, de quoi parle-t-on ?

Un trouble anxieux chez l’adolescent correspond à une peur ou une inquiétude persistante et excessive qui perturbe la vie quotidienne (école, relations, sommeil) et n’est pas proportionnée au contexte.

À ne pas confondre

Le stress est une réponse normale et ponctuelle à un défi ; l’anxiété devient problématique quand elle s’installe, s’intensifie et entraîne évitemment (ex. refus scolaire), somatisations (maux de ventre, céphalées) ou déficits fonctionnels.

Chiffres clés en 2025 : quelle ampleur en France et dans le monde ?

  • Monde — L’OMS estime qu’environ 4–5 % des 10–19 ans présentent un trouble anxieux, ce qui en fait l’un des troubles émotionnels les plus fréquents à l’adolescence.
  • Après-Covid — Les méta-analyses ont montré des hausses significatives des symptômes d’anxiété et de dépression chez les jeunes durant la pandémie, avec des niveaux supérieurs aux périodes pré-pandémiques.
  • France (collèges/lycées)L’enquête nationale EnCLASS 2022 rapporte une dégradation du bien-être entre 2018 et 2022, davantage chez les filles ; plaintes somatiques/psychologiques fréquentes (51–58 %), solitude (21–27 %), et risque important de dépression chez 14–15 % des élèves.

À retenir : Hausse réelle des troubles et des plaintes émotionnelles post-Covid, avec un gradient filles > garçons observé dans plusieurs enquêtes.

Pourquoi l’anxiété augmente-t-elle depuis la pandémie ?

L’explication est multifactorielle : perturbations scolaires, isolement social, incertitudes, et parfois surcharge numérique et sommeil perturbé. Les données EnCLASS soulignent l’augmentation des plaintes somatiques/psychologiques et du sentiment de solitude, facteurs associés à l’anxiété.

Comment repérer les signes à la maison et à l’école ?

Signes émotionnels et physiques fréquents

  • Évitements (sorties, évaluations, sport), refus scolaire
  • Inquiétudes persistantes, irritabilité, crises de panique
  • Somatisations : maux de ventre, nausées, céphalées
  • Altération du fonctionnement (notes, amitiés, sommeil)

Outils de repérage (GAD-7, SCARED) : ce qu’ils font… et ne font pas

Des questionnaires de dépistage aident à repérer les jeunes à risque (ex. GAD-7 adapté à l’adolescence ; SCARED pour les troubles anxieux). Ils ne posent pas un diagnostic et nécessitent une évaluation clinique si le score est élevé.

Bon réflexe : en présence de signes persistants (≥ 2–4 semaines) ou d’impact scolaire/social, parler au médecin (ou à l’infirmier·ère scolaire) pour une orientation.

Que disent les recommandations pour la prise en charge ?

Thérapies fondées sur les preuves (1re intention)

La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) est efficace pour réduire l’anxiété chez l’enfant et l’adolescent (amélioration des symptômes et du fonctionnement) ; elle est recommandée en première ligne. (Cochrane Library)

Médicaments (ISRS) : quand, comment, quelles précautions ?

En cas de symptômes modérés à sévères, de comorbidités, ou d’échec/accès limité à la TCC, les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) (ex. sertraline, fluoxétine) peuvent être proposés, avec information sur les effets indésirables et suivi rapproché. Les synthèses récentes confirment une efficacité globale supérieure au placebo, avec des risques connus (activation, troubles du sommeil) à surveiller. Décision au cas par cas, partagée avec l’adolescent et la famille.

Dépistage précoce : que disent les autorités ?

La USPSTF (2022) recommande le dépistage systématique de l’anxiété de 8 à 18 ans (niveau B), afin d’identifier plus tôt les jeunes nécessitant une évaluation. Le dépistage ne remplace pas le diagnostic clinique.

Prévenir et réduire l’anxiété : gestes concrets pour les familles et les collèges/lycées

Rythmes de vie : régularité du sommeil, pauses, activité physique.
Exposition graduée : éviter l’évitement systématique, accompagner les retours progressifs aux situations anxiogènes.
Compétences émotionnelles : nommer l’émotion, valider le ressenti, entraîner la respiration/relaxation.
École : aménagements simples (anticiper les évaluations, lieux calmes, référent scolaire).
Orientation : en cas d’impact marqué, s’orienter vers un professionnel formé à la TCC et/ou à l’éducation thérapeutique familiale.

FAQ

L’anxiété est-elle “normale” à l’adolescence ?

Des pics d’inquiétude sont courants, mais une anxiété persistante et invalidante justifie un repérage et parfois une prise en charge.

Les jeunes sont-ils vraiment plus anxieux qu’avant ?

Oui, plusieurs méta-analyses et enquêtes montrent une hausse post-Covid des symptômes anxieux chez les jeunes, avec un impact plus marqué chez les filles.

Quels outils les pros utilisent-ils pour repérer ?

Des questionnaires standardisés (p. ex. GAD-7, SCARED) aident au dépistage mais ne remplacent pas le diagnostic.

Quel est le traitement le plus solide ?

La TCC en première intention ; ISRS possibles si sévérité/échec TCC, avec suivi et information.

Conclusion

Parler d’anxiété des ados sans l’invisibiliser ni l’exagérer : c’est possible. Les données récentes confirment une augmentation, mais aussi l’efficacité d’outils de repérage et de prises en charge éprouvées (TCC, ISRS si besoin). L’essentiel : agir tôt, en coordination famille-école-soins, pour restaurer le fonctionnement et la confiance. 

Important — Informations à visée éducative, ne remplacent pas un avis médical. En cas de question personnelle, consultez un·e professionnel·le de santé.

Sources

  • OMS. Adolescent mental health (fiche 2025). (Organisation mondiale de la santé)
  • USPSTF (2022). Screening for Anxiety in Children and Adolescents. (uspreventiveservicestaskforce.org)
  • Racine N. et al. (2021). JAMA Pediatrics — méta-analyse symptômes anxieux/dépressifs chez les jeunes pendant Covid-19. (JAMA Network)
  • Madigan S. et al. (2023). JAMA Pediatrics — revue systématique post-Covid. (JAMA Network)
  • EnCLASS 2022 (France) — résultats SPF/EHESP/OFDT (publiés 2024). (Santé Publique France)
  • Cochrane (2020). TCC pour l’anxiété de l’enfant/adolescent. (Cochrane Library)
  • Société canadienne de pédiatrie (2022). Prise en charge des troubles anxieux : TCC 1re ligne, ISRS si besoin. (cps.ca)
  • MSD Manuels (mise à jour 2024) — repères cliniques grand public. (MSD Manuals)
  • Outils de dépistage : GAD-7 (validations adolescentes), SCARED (fr-CA). (ScienceDirect)
  • Image par Kathy Bugajsky.

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photo profil Alejandro Rojas Camarero

Alejandro Rojas

Masseur-kinésithérapeute

Fondateur du média Première Santé, Alejandro Rojas est masseur-kinésithérapeute diplômé depuis 2005, spécialisé en kinésithérapie respiratoire. Il a exercé en soins intensifs, en pneumologie, en cabinet libéral, et travaille aujourd’hui dans un service de soins palliatifs.

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