L’Organisation mondiale de la santé publie le 14 novembre 2025 ses premières recommandations mondiales dédiées à la prise en charge du diabète pendant la grossesse : un cadre en 27 points qui met l’accent sur des soins individualisés, un monitorage optimal et une intégration au suivi prénatal de routine.
Ce que dit l’OMS (2025)
27 recommandations autour de 4 axes
Le nouveau guide OMS structure la prise en charge autour de :
- soins individualisés (conseils nutritionnels, activité physique, cibles glycémiques)
- monitorage (contrôles réguliers en clinique et à domicile)
- traitements personnalisés selon le type de diabète (type 1, type 2 ou diabète gestationnel) lorsque la pharmacothérapie est nécessaire
- appuis spécialisés (équipes pluridisciplinaires, parcours coordonnés).
À noter
Il s’agit du premier standard mondial spécifiquement centré sur le diabète pendant la grossesse, pensé pour être intégré aux services prénatals dans tous les contextes, y compris à ressources limitées.
Objectifs glycémiques et autosurveillance
L’OMS insiste sur des objectifs glycémiques clairs pendant la grossesse et une autosurveillance structurée pour guider les décisions thérapeutiques et réduire les complications materno-fœtales (pré-éclampsie, macrosomie, hypoglycémie néonatale, etc.).
Intégration en prénatal et équité d’accès
Le texte promeut l’intégration de la prise en charge du diabète dans les consultations prénatales de routine, avec un focus sur l’équité d’accès aux médicaments et aux technologies d’automesure, particulièrement dans les pays à revenu faible et intermédiaire.
Ce que ça change (ou pas) en France
Diagnostic : IADPSG (OGTT 75 g) déjà en pratique
En France, la SFD/CNGOF ont depuis longtemps adopté l’approche en un temps avec OGTT 75 g entre 24–28 SA, diagnostic si une valeur est pathologique (0,92 g/L à jeun ; 1,80 g/L à 1 h ; 1,53 g/L à 2 h). Le message SFE (2011) actait déjà la fin du test en 2 temps.
La HAS (2005) rappelait l’hétérogénéité des pratiques et l’incertitude sur l’impact d’un dépistage systématique sur les issues périnatales ; c’est un point de contexte historique, mais non actualisé face aux données et critères utilisés aujourd’hui.
En bref : le diagnostic en France reste aligné sur IADPSG ; l’apport 2025 de l’OMS est surtout un cadre global de prise en charge (organisation des soins, monitorage, choix thérapeutiques et équité).
Seuils cibles usuels en pratique et prudence
Dans les pratiques courantes, on vise souvent des glycémies capillaires ≈ < 0,95 g/L à jeun et < 1,20 g/L en post-prandial (2 h), avec autosurveillance 4–6/j si nécessaire ; ces cibles, largement utilisées, doivent rester individualisées et réévaluées clinico-obstétricalement. (Références pratiques FR et éducatives.)
Post-partum : dépistage du DT2 et suivi mère-enfant
Toutes les femmes ayant présenté un diabète gestationnel devraient bénéficier d’un contrôle glycémique 4–12 semaines après l’accouchement (idéalement OGTT 75 g), puis d’un suivi périodique (tous les 2–3 ans si normal). Objectif : dépister précocement un diabète de type 2 ou une intolérance au glucose et promouvoir des habitudes de vie protectrices au niveau familial.
FAQ
L’OMS change-t-elle les critères diagnostiques ?
Non : le document 2025 de l’OMS est centré sur la prise en charge pendant la grossesse (soins, monitorage, traitements, organisation des soins). Les critères diagnostiques OMS/IADPSG (2013) restent la base internationale du “GDM”.
Quelles sont les priorités concrètes en consultation prénatale ?
Conseils nutrition/activité, autosurveillance avec cibles glycémiques individualisées, et coordination pluridisciplinaire si besoin (diabétologie-obstétrique-diététique).
L’OMS recommande-t-elle des médicaments précis pour le GDM ?
Le guide souligne un traitement personnalisé lorsque la pharmacothérapie s’impose ; le choix précis dépend du contexte clinique et des ressources locales, dans un cadre de bénéfice-risque partagé.
Et après l’accouchement ?
Un OGTT 75 g à 4–12 semaines puis un suivi régulier sont recommandés pour prévenir/dépister un DT2 ultérieur et encadrer les habitudes de vie.
Conclusion
Avec ses 27 recommandations, l’OMS fournit pour la première fois un standard mondial de prise en charge du diabète pendant la grossesse, centré sur des soins individualisés, un monitorage rigoureux et l’intégration en prénatal. En France, les critères IADPSG restent d’actualité ; l’enjeu sera d’opérationnaliser le cadre OMS (parcours coordonné, équité d’accès, suivi post-partum) pour réduire les complications à court et long termes.
Important — Informations à visée éducative, ne remplacent pas un avis médical. En cas de question personnelle, consultez un·e professionnel·le de santé.
Sources
- OMS. WHO recommendations on care for women with diabetes during pregnancy (Guideline, 14 nov 2025). (Organisation mondiale de la santé)
- OMS. News release – WHO launches global guidelines on diabetes during pregnancy (14 nov 2025). (Organisation mondiale de la santé)
- OMS. Diagnostic criteria and classification of hyperglycaemia first detected in pregnancy (2013). (Organisation mondiale de la santé)
- HAS. Rapport de synthèse dépistage & diagnostic du diabète gestationnel (2005). (Haute Autorité de Santé)
- SFE. Nouvelles recommandations pour le diagnostic du diabète gestationnel (2011, SFD/CNGOF). (SFEndocrino)
- Revue (synthèse). Gestational diabetes mellitus (Update 2023) (suivi post-partum). (PubMed)
- Références pratiques FR (objectifs glycémiques en éducation/soins). (Fédération Française des Diabétiques)
- Image par freestocks.org
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Alejandro Rojas
Masseur-kinésithérapeuteFondateur du média Première Santé, Alejandro Rojas est masseur-kinésithérapeute diplômé depuis 2005, spécialisé en kinésithérapie respiratoire. Il a exercé en soins intensifs, en pneumologie, en cabinet libéral, et travaille aujourd’hui dans un service de soins palliatifs.
