Bonne nouvelle pour le cœur : les traitements de la famille GLP-1 ne font pas que baisser la glycémie ou le poids. En 2025, ils confirment un vrai coup de pouce cardiovasculaire, y compris chez des personnes sans diabète.
Pourquoi les GLP-1 intéressent tant les cardiologues
À l’origine pensés pour le diabète, les agonistes du GLP-1 aident à perdre du poids et améliorent plusieurs marqueurs métaboliques. Surtout, des analyses publiées en 2025 confirment un moindre risque d’infarctus, d’AVC et d’insuffisance cardiaque, avec par ailleurs une tolérance globalement maîtrisée (effets digestifs et biliaires plus fréquents, mais pas d’augmentation claire d’autres complications graves).
SELECT, l’étude qui change la donne chez les non-diabétiques
SELECT a suivi plus de 17000 personnes en surpoids/obèses, avec antécédent cardio, mais sans diabète : le sémaglutide y réduit les événements cardiovasculaires majeurs (MACE) versus placebo. En 2025, une analyse “pré-spécifiée” montre que le bénéfice existe à tous les niveaux de corpulence et n’est pas seulement expliqué par les kilos en moins — d’autres mécanismes sont probablement à l’œuvre (inflammation, hémodynamique, métabolisme).
Effet au-delà de la perte de poids ?
Bonne nouvelle : dans SELECT, la baisse du risque d’infarctus, d’AVC ou de décès cardiovasculaire ne s’explique pas seulement par les kilos en moins. L’avantage persiste chez des patients de corpulences différentes. Autrement dit, le GLP-1 semble agir par plusieurs leviers : il pourrait calmer l’inflammation, améliorer la manière dont le corps utilise le sucre et la graisse, et soulager le cœur et les vaisseaux. La balance compte, mais ce n’est pas toute l’histoire.
Rein et cœur : l’autre pièce du puzzle (FLOW)
Chez des patients diabétiques avec maladie rénale chronique, l’essai FLOW montre une réduction des critères rénaux majeurs, des événements cardiovasculaires et même de la mortalité sous sémaglutide. Les analyses par stade d’atteinte rénale confirment un bénéfice cohérent. En clair : protéger le rein va souvent de pair avec protéger le cœur.
À noter
Une synthèse Cochrane en français (mise à jour 2025) retrouvait déjà une baisse probable de la mortalité toutes causes chez les personnes avec diabète + atteinte rénale traitées par GLP-1, malgré des incertitudes sur la mortalité cardio.
Sémaglutide ou tirzépatide : le match cardio 2025
Pas d’opposition stérile : les deux font bien. Une grande étude “monde réel” publiée en 2025 dans Nature Medicine a comparé les trajectoires cardio sous sémaglutide et tirzépatide, en “émulant” des essais cliniques. Verdict : réduction du risque cardiovasculaire avec les deux molécules chez des patients à risque (diabète, obésité), avec des nuances selon les sous-groupes et la persistance du traitement.
(Des données concurrentes, présentées en congrès, suggèrent parfois un avantage du sémaglutide dans certaines populations, mais ce sont des études observatoires à interpréter avec prudence.)
Tolérance : ce qu’il faut surveiller
Le profil d’effets indésirables est désormais mieux cerné : nausées, vomissements, parfois problèmes biliaires plus fréquents. Les méta-analyses 2025 ne montrent pas d’excès clair d’autres complications digestives graves. En pratique, une titration progressive et une éducation aux signaux d’alerte permettent de limiter l’inconfort et d’éviter les arrêts.
Et en France, concrètement ?
Le mouvement gagne le terrain de ville : plusieurs médias et fondations vulgarisent désormais l’usage des GLP-1 au-delà des centres spécialisés, avec un accent sur les patients à haut risque cardio-métabolique. Pour le grand public, le message est simple : médicaments utiles, mais pas magiques — ils s’inscrivent dans un parcours de soins (activité, alimentation, suivi).
En 5 points pour retenir
1. Oui, les GLP-1 protègent le cœur : baisse des infarctus/AVC/décès CV dans le diabète… et désormais sans diabète (SELECT).
2. Le rein compte aussi : FLOW montre des gains rénaux et cardiovasculaires.
3. Poids ≠ tout : l’effet cardio n’est que partiellement lié à la perte pondérale.
4. Sémaglutide et tirzépatide : deux options efficaces ; les comparaisons 2025 affinent les profils.
5. Tolérance : surtout digestif/biliaire, à gérer par la titration et l’information.
Important — Informations à visée éducative, ne remplacent pas un avis médical. En cas de question personnelle, consultez un·e professionnel·le de santé.
Sources
- Lincoff AM, et al. SELECT – Résultats principaux. NEJM (2023). (New England Journal of Medicine)
- Deanfield J, et al. SELECT – Analyse adiposité 2025. The Lancet (2025). (The Lancet)
- Mahaffey KW, et al. FLOW – Analyses cardiovasculaires selon la sévérité de la MRC. European Heart Journal (2025). (OUP Academic)
- Krüger N, et al. Sémaglutide vs tirzépatide – 5 cohortes “monde réel”. Nature Medicine (2025). (Nature)
- Galli M, et al. Effets CV & tolérance des GLP-1 : méta-analyse. JACC (2025). (JACC)
- Chiang CH, et al. GLP-1 et événements digestifs/biliaires : méta-analyse. (AGA/Elsevier, 2025). (PubMed)
- TCTMD. SELECT : effet seulement partiellement lié à la perte de poids (2025). (tctmd.com)
- Image par Bruno.

Alejandro Rojas
Masseur-kinésithérapeuteFondateur du média Première Santé, Alejandro Rojas est masseur-kinésithérapeute diplômé depuis 2005, spécialisé en kinésithérapie respiratoire. Il a exercé en soins intensifs, en pneumologie, en cabinet libéral, et travaille aujourd’hui dans un service de soins palliatifs.
