En soins palliatifs, la kinésithérapie ne vise plus la guérison ni la récupération maximale. Elle se concentre sur l’apaisement, le confort et la qualité de vie. Par des mobilisations douces, une aide respiratoire, un soutien à la mobilité et une présence attentive, le kinésithérapeute accompagne le patient dans les moments de grande vulnérabilité. Son rôle est discret, mais essentiel, au sein d’une équipe pluridisciplinaire.
Le rôle du kinésithérapeute en soins palliatifs
La kinésithérapie en soins palliatifs regroupe des interventions brèves et personnalisées (respiratoires, motrices, antalgiques, de confort) destinées à réduire la dyspnée et la douleur, préserver l’autonomie résiduelle et soutenir le patient et ses proches, en coordination avec l’équipe soignante.
Pourquoi un kiné en soins palliatifs ?
Les soins palliatifs « améliorent la qualité de vie du patient et de sa famille » face à une maladie grave en traitant précocement douleur et autres symptômes (physiques, psychosociaux, spirituels). La kinésithérapie s’inscrit dans cette approche : sécuriser un lever, faciliter la respiration, limiter l’essoufflement à l’effort, prévenir les complications liées à l’alitement.
Soulager la douleur et l’anxiété : mobilisations douces et toucher thérapeutique
Les mobilisations passives, lentes et adaptées permettent de réduire les tensions musculaires, de diminuer les douleurs liées à l’immobilité et de favoriser la détente. Le toucher thérapeutique (massages de confort, DLM), lorsqu’il est accepté, peut apporter un apaisement émotionnel et corporel. Ces interventions contribuent à réduire l’anxiété et à procurer un sentiment de sécurité dans un contexte où le corps peut devenir source d’inconfort.
Améliorer la respiration : un soutien précieux dans les symptômes de fin de vie
La dyspnée est un symptôme fréquent en soins palliatifs. Le kinésithérapeute peut aider à réduire l’essoufflement grâce à des techniques simples : installation du patient dans des positions facilitant la respiration, travail du souffle à faible intensité, détente thoracique, ou encore mobilisation douce du haut du corps. Ces interventions visent à rendre la respiration plus confortable et à diminuer l’angoisse associée à l’impression de manque d’air.
Éducation respiratoire et techniques non pharmacologiques : respiration à lèvres pincées, positions anti-dyspnée, ventilateur portatif dirigé vers le visage (fan therapy), aération, gestion de l’anxiété associée à l’essoufflement. Ces mesures sont recommandées par NICE et les guides cliniques britanniques/écossais ; l’oxygène n’est pas proposé d’emblée en l’absence d’hypoxémie documentée.
Ventilateur portatif : des essais et revues indiquent un soulagement clinique de la dyspnée chez des patients en soins palliatifs ou insuffisance respiratoire chronique ; c’est peu coûteux, rapide, personnalisable.
Préserver la mobilité et l’autonomie : accompagner sans épuiser
Même à un stade avancé de la maladie, maintenir de petits gestes de mobilité peut améliorer le confort et réduire les complications liées à l’alitement. Le kinésithérapeute aide le patient à bouger dans son lit, à se redresser ou à effectuer quelques pas si cela reste possible. Chaque intervention est adaptée à la fatigue du moment et au projet de soins. L’objectif est de soutenir l’autonomie sans jamais la forcer.
- L’essai randomisé Pal-Rehab (2021) a montré une amélioration de la qualité de vie lorsqu’une réhabilitation courte est intégrée précocement en oncologie avancée.
- Des revues 2024–2025 confirment l’intérêt d’une approche multidisciplinaire sur la qualité de vie et parfois les séjours hospitaliers, avec un niveau de preuve variable mais cohérent.
- En pratique palliative, les séances sont courtes (10–20 min), fractionnées, centrées sur un objectif ; l’évaluation des objectifs fonctionnels aide à calibrer l’effort et à prévenir l’épuisement.
Le travail relationnel : écoute, présence et communication non verbale
En soins palliatifs, la qualité de la relation compte autant que la technique. Le kinésithérapeute offre une présence rassurante, attentive aux besoins exprimés ou non verbalisés. L’écoute active, le respect du rythme du patient, l’observation des réactions corporelles et l’adaptation permanente des gestes contribuent à une forme de soin global, profondément humaine.
Une place clé dans l’équipe pluridisciplinaire
Le kinésithérapeute collabore étroitement avec les médecins, infirmiers, aides-soignants, psychologues et bénévoles. Son regard sur le mouvement, la douleur, la respiration et le confort apporte des informations utiles au projet de soins. Les échanges réguliers permettent d’ajuster les interventions et d’assurer une prise en charge cohérente et apaisante.
Situations fréquentes en soins palliatifs : ce que le kinésithérapeute peut apporter
Quelques situations illustrent l’utilité de la kinésithérapie : installation confortable pour limiter la douleur, aide au transfert pour préserver l’autonomie, mobilisation douce après un épisode douloureux, accompagnement respiratoire lors de crises d’angoisse, adapter les différentes options d’oxygénothérapie ou ventilation mécanique, aide au désencombrement bronchique, ou simple présence bienveillante lorsque le toucher devient plus relationnel que fonctionnel. Chaque intervention vise un objectif : améliorer la qualité de vie, même de quelques pourcentages.
À domicile, en service ou en HAD : comment organiser une séance utile ?
- Avant : repérer le meilleur moment de la journée, vérifier douleur/nausées et adapter l’objectif (un seul).
- Pendant : commencer par respiration et positionnement, tester un levé sécurisé ou un auto-soin (toilette partielle, transfert).
- Après : re-coter l’essoufflement/douleur, noter ce qui soulage, transmettre, laisser une fiche de 2–3 exercices/astuces faciles (ex. lèvres pincées, fan therapy, coussins de positionnement). Recommandations britanniques : privilégier le non-pharmacologique en première intention pour la dyspnée (si pas d’hypoxémie).
FAQ
La kiné en soins palliatifs “fatigue-t-elle” les patients ?
Non, car les séances sont très courtes et modulées selon l’état du jour. L’objectif est le confort immédiat et un geste utile, pas le gain de performance. Les données de réhabilitation palliative montrent un bénéfice sur la qualité de vie sans surcoût, sous réserve d’une bonne sélection des objectifs.
Le ventilateur portatif est-il vraiment utile contre la dyspnée ?
Oui : plusieurs essais/analyses suggèrent un soulagement significatif de l’essoufflement ; il est sans risque majeur et peu coûteux. Il complète les techniques respiratoires et le positionnement.
Faut-il mettre de l’oxygène dès qu’un patient est essoufflé ?
Conclusion
En soins palliatifs, le kinésithérapeute agit comme artisan du confort : respirer mieux, bouger juste ce qu’il faut, souffrir moins, oser un geste qui compte. Les preuves récentes confortent l’intérêt d’une réhabilitation palliative intégrée, centrée sur un objectif signifiant, en courtes touches, au cœur d’une équipe qui écoute et s’adapte aux souhaits du patient.
Important — Informations à visée éducative, ne remplacent pas un avis médical. En cas de question personnelle, consultez un·e professionnel·le de santé.
Sources
- WHO – Palliative care (2023). Fiche OMS Europe. Organisation mondiale de la santé
- Ministère/HAS – Guide Accompagnement et soins palliatifs en pratique (2021). PDF. Santé et Autonomie
- SFAP – Référentiels & documents (consultation). SFAP
- NICE – Care of dying adults in the last days of life (2015, maj). Section dyspnée et mesures non pharmacologiques. NICE
- NHS Scotland – Breathlessness guideline (2023). Positions, lèvres pincées, ventilateur portatif. Right Decisions
- Nottelmann L. et al. Pal-Rehab RCT – Palliative Medicine (2021). Réhabilitation palliative intégrée et qualité de vie. Research Profiles
- Pryde K. et al. Systematic review – palliative rehabilitation & QoL (2024–2025). Palliat Med (meta). PubMed
- Stene GB. et al. Integration of palliative rehabilitation – Mixed-methods (2024). Palliat Med (PMC). PMC
- Brown J. et al. Handheld fan for chronic breathlessness – BMJ Support Palliat Care (2023). PMC
- Yue D. et al. Fan therapy trial – BMJ Support Palliat Care (2024–2025, essais). spcare.bmj.com
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Dernière mise à jour : 6.12.25
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Alejandro Rojas
Masseur-kinésithérapeuteFondateur du média Première Santé, Alejandro Rojas est masseur-kinésithérapeute diplômé depuis 2005, spécialisé en kinésithérapie respiratoire. Il a exercé en soins intensifs, en pneumologie, en cabinet libéral, et travaille aujourd’hui dans un service de soins palliatifs.
